lundi 10 mai 2010

> La Grèce au régime sec et autres turpitudes. 

Tu veux que je te dise un truc à toi perso ? Ben suite à des ennuis extra sportifs, je vais être obligé de moins te parler de notre si beau pays et des règles et des lois qui régissent notre si fière République. Je t’en prie, d’autant que je ne suis pas vraiment pote avec Charles qui réussit dans un claquement de doigt et un raclement de gorge, à éviter la prison et une peine trop lourde. Juste symbolique, on reste attaché ici aux symboles. 
Bref, c’est pas bien grave de toute façon je n’avais plus trop envie de rabâcher les mêmes choses, encore et encore - Cabrel le fait parfaitement – et y’a plein d’autres sujets de conversations passionnants et enivrants. Je fais un pas en arrière et je vois comme l’horizon s’allonge et quand je pense « horizon » je pense Louisiane, je pense marée noire, je pense BP, je pense à cette plate-forme pétrolière – et c’est là où je voulais en venir, tu vas voir la vie est foutrement bien faite – baptisée « Deepwater Horizon » qui a coulé au large des côtes de Louisiane. « Deepwater Horizon » ? Avec un patronyme pareil, à croire que c’était prémédité. BP est visionnaire, il pense, voit, anticipe et transforme notre avenir : avec la montée des eaux, la multinationale met en service les premières stations libre-service flottantes. Ok, pour l’instant il faut avoir un bateau et être un plongeur confirmé pour remplir son réservoir du précieux nectar, mais bientôt, peut-être, y’aura plus qu’à se baisser sur les plages pour faire le plein. L’or noir à portée de tout un chacun, le capitalisme tient enfin ses promesses. Allons bon ? « Vous allez payer, bande de cuistres ! » a dit le président Obama. Je n’en crois pas un traître mot, on n’égorge pas la poule aux œufs d’or, non, on lui tapote sur le cul en croisant les doigts pour éviter l’omelette et on met les œufs dans le même panier. Depuis toujours. On flatte, on gronde, on flatte, on gronde. Dis-moi Cee, tu me fais l’orgasme ? 
(…). 750 milliards donc, pour la zone Euro. C’est vrai que c’est la zone, l’Euro mais François nous regarde dans les yeux, nous aime et nous dit qu’il n’y a « aucun risque de dégradation de la note française » (AFP) (je te rappelle que nos pays sont notés par trois grandes agences de notation qui distribuent des bons points aux pays faisant montre d’une certaine éthique et par la même occasion d’une certaine soif de pognon, au détriment d’autres pays, moins bien notés, mauvais élèves du village global). En même temps François ne va pas te dire que ça va être l’horreur et qu’en plus de bouffer des grec-frites hors d’usage à chaque repas, tu vas aussi pouvoir dire fièrement « ich bin ein Grec ». Non, en d’autres temps, à une autre époque, François aurait dit tout pareil : le nuage des produits financiers toxiques ne passera pas la frontière. La Grèce, c’est le Tchernobyl financier, les effets se font ressentir plus tard et pendant très longtemps. Une véritable baise tantrique. Et pour ceux qui n’ont pas tout compris ou qui s’imaginent être à l’abri sous les parapluies nucléaires et boursiers des grandes démocraties, à l’école déjà sur mes bulletins mes professeurs me disaient : « A touché le fond mais creuse encore ». Ouais, quand on fait du blé en spéculant sur la misère, on produit encore plus de misère, ainsi de suite, jusqu’à ce qu’on colmate la brèche (Bertolt) avant le prochain naufrage d’une plate-forme boursières d’un pays à la con
(…). Allemagne encore et toujours et cette fessée électorale reçue par la chancelière Angela Merkel qui vient de perdre la Rhénanie du nord-Westphalie et la majorité à la chambre haute du parlement. En maigre, la CDU (Union Chrétienne Démocrate), déjà en CDD va faire de l’intérim avant de pointer définitivement au chômage. Dommage. Je l’aime bien Angela, cette rigueur toute allemande dans le regard, ses yeux transparents, récifs pour les naufrages amoureux, une boule dans la bouche en train de me souffler dans le cul et mais je m’égare. Cee, il vient cet orgasme ?
(…). Grec le millionnaire. 
(…). 
(…). L’autre soir dans cette ville avec décalage horaire SVP, environ 30 années de retard (mais de retard sur quoi ?), le festival bat son plein, traîne son lot de merguez cuites au soleil, de punks à chiens, des alter à-je-sais-plus-quoi-au-juste et de sons saturés, de relents de bières tièdes et stylisées, de cris. Je m’emmerde, Francis s’emmerde, Francis cherche des surnoms aux gens qui passent, genre, on l’appelle le sanglier car elle se nourrit exclusivement de glands lorsqu’une fille pas trop lookée pour être honnête fait tomber son briquet Bic aux pieds de Francis. Elle se penche alors pour le ramasser et Francis lui lance un « pas tout de suite, on se connaît à peine » qui m’a fait ma soirée et par les temps qui courent plus vite que ton ombre, un truc dans le genre, c’est que de la joie. 

> Bonne semaine à toi.

lundi 1 mars 2010


> Classé rouge dans le sens des retours

Plus les années passent et moins je culpabilise de prendre régulièrement une cabane dès le vendredi soir. Cabane qui s’étire et s’éternise pour ne prendre fin que le dimanche matin, sur le coup des 7 heures, heure à laquelle je rentre préparer le petit déjeuner des monstres, en bon père que je suis. Ca, c’est quand il n’y a pas de garde à vue. Sinon, ça fait toujours des tas d’histoires et je culpabilise et me flagelle le nœud royal à grands coups de gui, éducation judéo-chrétienne quand tu nous tiens. Faudrait revoir mon rapport avec dieu. Renouer un dialogue qui n’a jamais vraiment commencé. Faire au moins les présentations. Mais je sais pas, le personnage m’indiffère et m’inquiète. Peut-être n’a-t-il pas été choyé par une mère aimante mais absente (c’est pas avec un charpentier que la petite famille allait s’offrir des vacances, tout juste une sortie en ville le dimanche, voilà pourquoi le dimanche par tradition tu glandes rien), arpentant les trottoirs de droite à gauche et de gauche à droite dans l’attente d’un élu. Bref, aujourd’hui mes rapports avec le bonhomme sont inexistants. Et puis dieu est tellement grand que lorsqu’il se tient debout devant toi, tu lui arrives juste aux couilles, position idéale pour boire ses paroles… et je ne bois que du vin de Bourgogne, même pas de messe.
Et du coup tu vas peut-être m’aider car je ne sais plus du tout ce que je voulais te dire.
Ah si ! Quel week-end, j’ai dîné avec Mélanie Laurent, gagné la finale de hockey sur glace (Francis est plus spécialisé « gazon ») face aux Américains, posé nu avec 5 200 volontaires devant l’opéra de Sydney et, tête en l’air, je suis parti de Faute-sur-Mer en laissant couler l’eau du robinet de la baignoire de la salle de bain. Ne dit-on pas « faute avouée à moitié pardonnée » ? D’ailleurs, animé par l’idée de rattraper ma petite boulette, j’ai décidé de lancer une campagne « Faute-sur-Mer et Aiguillon-sur-Mer 2012 ». En maigre, une candidature pour l’organisation des J.O de 2012. Chiant comme tu es et négative en plus, tu vas me dire « Seigneur, vous êtes gentil mais Londres est déjà sur le coup jusqu’au cou ! ». Oui mais la capitale britannique rêve de refourguer/balancer le bébé (avec l’eau du bain) à d’autres, tant les coûts pour l’organisation d’une telle sauterie dépassent l’entendement. Et puis c’était AVANT la crise. Maintenant c’est trop cher et il faudrait un miracle ou deux mois de prime d’une poignée de traders pour boucler le budget et ne pas perdre d’argent. Autant te le dire, c’est pas demain la veille. Tu vois, forcément tu la trouves moins conne ou utopique mon idée des J.O à Faute et Aiguillon-SOUS-mer, non ? D’autant que j’ai d’autres arguments massues, mon général. Des points forts pour défendre le dossier, y’en a des tonnes : bassin olympique naturel et immense, respectant l’environnement, garanti sans chlore. Accès nombreux et faciles faisant la part belle aux bateaux grâce à l’immense marina creusée naturellement encore une fois et pouvant accueillir jusqu’à 120 yachts pour la finale du relais 4x100 mètres. Tous les sports nautiques seront à la fête et pour le reste, comme les épreuves terrestres très nombreuses, on pourra les délocaliser au Puy du Fou ?
La Vendée et la Charente-Martime dévastée par cette salope de Xynthia. Et comme une mauvaise nouvelle n’arrive jamais seule, ton président Sarkozy va poser ses petits pieds dans ces régions aujourd’hui. Une chance pour la droite aux régionales, un drame pour les habitants.

La terre pète au Chili : bilan 700 morts. Chiffre rond.

J’ai donné sa journée à Doina, même si elle n’est plus tellement concernée. Elle ira laver son linge et dormir deux heures de suite peut-être à l’occasion de la journée « Sans immigrés ». Brigitte Bardot va enfin pouvoir prendre un bain de foule à la SPA du coin, le seul endroit où elle accepte encore le mélange des genres, voire des races. M. Delattre (élu UMP, Val-d’Oise) va pouvoir travailler tranquillement à l’écriture de la biographie de Nelson Mandela, baptisée pour l’instant « Nelson Bamboula, joueur des Bafana Bafana ». Christian Estrosi, maire UMP de Nice, ville des vieux à la peau tendue, va passer sa journée à frotter la façade de sa mairie pour ôter les croix gammées peintes dans la nuit. Dominique Bussereau va pouvoir grappiller ici et là quelques bulletins supplémentaires en mettant en veille sa campagne électorale et attendre les mesures exceptionnelles prises par Sarkozy après sa visite (crédits d’urgence, délai de paiement des impôts voire diminution, taxes d’habitation et taxes foncières remboursées, nouvelle voiture, nouvelle femme, nouvelle vie, nouveau travail, putes et coke à gogo), faut dire que Domi est secrétaire d’Etat chargé des Transports. Ca aide. Tout aide. Tout profite. Tout s’entrechoque. C’est bien fichu. Je suis admiratif, je suis fasciné, je suis désespéré et c’est pas que je m’emmerde ni rien, nan, mais c’est que je vais juste filer et te laisser là comme un con, devant ce chef-d’œuvre total.
Je t’en prie.

Bonne semaine à toi
< .

lundi 1 février 2010

> Le lundi au soleil sous la neige

« Au début, j’ai cru que c’était un joueur de l’équipe réserve du PSG. Mais en réalité, il est premier secrétaire de la section de Villiers-le-Bel. Ca change tout ! », Francis Delattre, maire UMP de Franconville (t’as vu comme cette ville était faite pour lui), au sujet d’Ali Saumaré, tête de liste (et de Turc) PS dans le Val d’Oise et d’origine malienne mais ça n’a rien à voir. 

Une journée tout en nuances subtiles de blanc et de gris. Une journée qu’on oublie donc et qui sonne comme un début de campagne électorale. On met de côté les petits tracas du quotidien (chômage, précarité, pouvoir d’achat, crise du logement par exemple) pour parler des vrais problèmes qui intéressent, qui touchent et qui angoissent les Français, 24/24h : la burqa, les vols avec violence sur les vieux, l’identité nationale par exemple. Et on sait parler à l’oreille des Français, ces chevaux d’attelage laborieux : d’un grand revers de la main, on balaye les affaires, les scandales, les excès pour ne retenir qu’une chose: demain Bibi, va falloir voter et n’oublie pas que si c’est la merde, ça n’a rien à voir avec notre politique, notre système, nos grands patrons ni même nos pauvres banques effarouchées, nan, si c’est la merde, c’est la faute aux étrangers. C’est bon Jean-Claude, tu colles deux trois adjectifs, une citation, t’imprimes tout ça comme d’hab’ et tu distribues tout cette merde sur les marchés plus le matraquage télé j’ai d’ailleurs le CRS en chef de TF1 Jean-Pierre (JP pour les intimes téléspectateurs) en ligne qui est chaud bouillant pour un sujet de 5 minutes au JT de 13 heures. Et comme on sait parler encore mieux à l’oreille des vieux chevaux, au centre du débat, en lieu et place du racisme ordinaire et de cette fameuse et fumeuse crise fourre-tout, on pond un amendement (adopté le 29/01) qui prévoit d’augmenter les peines de prison (de 5 à 7 ans) pour les vols commis à l’encontre des personnes vulnérables (dont les vieux) et de 7 à 10 ans pour les mêmes faits mais avec violence. Et dis-moi, pour les vieux adhérents de l’UMP, c’est combien en plus ? Et pour les vieux blancs, charmants habitants des Hauts-de-Seine, c’est combien en plus ? Et si c’est Mamadou qui est agressé alors qu’il est en fauteuil roulant (certainement pour pas bosser), c’est combien de moins par rapport à un vieux combattant à la retraite qui utilise le même fauteuil, certainement pour ne pas marcher ? A suivre. Passionnant match entre Hortefeux et Michèle, avec Lefèvre dans le rôle du ballon. Quant aux promesses, aux caresses, les travailler plus pour gagner plus, l’admiration pour cette France qui se lève tôt (et qui se couche très très tard because of train de banlieue métro boulot métro train de banlieue oups Gérard faut me boucler ce dossier avant demain matin pas de problème chef j’arrive re-train de banlieue re-métro re-boulot merde plus de métro galère taxi marche et dodo, la crise du logement etc) oui ben écoute, ça peut attendre, ça va venir. Je te parle de vrais problèmes là, pas de confort. Même si c’est cette France là, United Colors of Besson, qui en chie, on va te parler d’autre chose. On va te détourner, t’embrouiller. Pis merde, tu l’as eue ton augmentation de 7,80 euros sur ton salaire, non ? Ferme ta gueule et prends-la. Oui c’est sûr, c’est pas avec ça que tu vivras mieux mais tu gagnes plus non ? T’es un chien à qui on met une troisième croquette dans sa gamelle en lui faisant croire que ça y est, elle est pleine. 
Question : quelle marque de chien es-tu ? 
Sarkozy a tellement humanisé le capitalisme qu’à l’écouter, Fidel Castro, s’il n’avait pas dépassé l’âge de la retraite, finirait gérant de MacDo au Texas tellement c’est cool. 

Ce n’est pas le moment de louper tes vacances en te rendant dans ton agence de voyages préférée et de confondre Haïti et Tahiti. Petits moyens mnémotechniques néanmoins : mer et soleil pour l’un, merde et soleil pour l’autre mais surtout beaucoup plus de chances d’adopter sous le manteau (après sous les décombres, sous le manteau) un Haïtien qu’un Tahitien. Sur place, les ONG et le gouvernement s’inquiètent : Haïti dénonce un trafic d’enfants. « Tout est organisé depuis le 12/01 ». Au programme donc, promos sur les petits Haïtiens, déstockages monstres, invendus, en l’état, à rafraîchir… Y’en aura pour tout le monde t’inquiète. La misère à prix dérisoire. L’enfant qu’on achète pour l’élever au grain (le Texas, le MacDo tout ça). Une véritable traite d’enfants. Dis-moi, les Américains sélectionnent-ils les meilleures pièces pour Madonna ou Angelina ? Et Johnny, entre deux cancers du cul et un album, il en pense quoi ? Petite précision, l’Arche de Zoé nie toute implication et rappelle que sa zone d’activité/de chasse ne s’étend pas au delà du Darfour. 

Pour finir, si t’as pas bien compris ni même exprimé le moindre écœurement à la diarrhée verbale de M. Delattre, je vais te traduire, je t’en prie, finalement, on est tous en campagne. « Un bamboula c’est soit un sans-papier soit un sportif et généralement en-dessous d’1m85, c’est un footballeur. Soyons sérieux, qu’un Noir soit adroit de ses pieds à défaut de pouvoir faire quelque chose de ses propres mains (sales), soit, mais homme politique, avec un programme, une tribune et des électeurs, c’est pas demain la veille, faut pas déconner avec ce boulot ». 
« Encore un qui mérite des coups Delattre », dixit Francis (le mien pas le con même si le mien est con aussi). 

Bonne semaine à toi<.

jeudi 14 janvier 2010


> AYITI

Une rue. Hier soir. 22 heures.
Sur un muret, un gant noir, trouvé/posé pointe un index rageur vers le ciel.

Dans le pub, deux cons tournent le dos à l’écran géant crachotant des images de Saint-Etienne – OM et font face à l’assemblée pintes à moitié vides, hypnotisée par des manchots en short. Francis et moi sommes bouleversés. Il vient de croiser le regard de cette brune magnétique. Il vide d’un trait son verre et me glisse dans le brouhaha « tu vois la p’tite là, pleine de charme ? Dans une heure, elle va être pleine de foutre ». CQFD. L’OM égalise. Je hais le foot. Je veux partir mais Francis est déjà barré à l’autre bout du bar. Petits signes. Contact. Sourires. Il commande deux verres. Mon voisin de gauche qui est de droite me marmonne un truc du genre « t’as vu Haïti ? ». « Nan j’ai pas vu Haïti », « Haïti c’est fini, dire que c’était la ville de m… ». Qu’est-ce qu’il va me faire ce couillon ? Pleurer à chaudes larmes sur cette injustice venue des profondeurs de la terre ? Me dire que c’est pas possible, qu’il faut faire quelque chose ? Qu’est-ce que tu veux faire quand t’as rien fait que de défaire sans relâche chaque espoir d’amélioration, de promesses d’une vie meilleure dans cet océan de misère et de honte qu’est devenu ce pays au destin brisé par la cynisme de l’Occident ?
Tu veux te faire chier un instant ? T’es sûr ?
Haïti est certainement l’un des pays les plus pauvres et misérables du monde. C’est comme si dieu se gardait sous le coude une petite garçonnière pour ses parties sado-maso dominicales. Dans ce pays où les corbeaux volent à l’envers pour ne pas voir la misère, on compte un taux de chômage de plus de 65 % (pour autant de feignasses dixit Darcos et Sarkozy) et plus de 80 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, dans une misère abjecte, immonde, principalement dans la capitale Port-au-Prince (2 millions d’habitants jusqu’à hier) et dans les bidons villes, comme la Cité Soleil. 
Autant te le dire tout de suite, t’es pas prêt d’y trouver un Apple Store.

Si t’as cinq minutes de ton précieux temps à perdre, tu peux lire la suite ou tu peux directement sauter les prochaines lignes et ta voisine pour arriver plus rapidement à la fin/à tes fins. Je t’en prie.
On va se la faire rapide rapide.
Le 5 décembre 1492, Cristobal Colomb se racla la gorge en essuyant son bout turgescent avec du sopalin, remonta son pantalon, renvoya le capitaine Martin Alonso Pinzon sur la Pinta et découvrit Haïti, qui ne s’appelait pas encore comme ça car il n’y avait pas de panneaux. Du coup, il la nomma Hispaniola. On estime à 100 000 la population avant l’arrivée des colons, principalement composée d’Arawak, de Caraïbes et de Taïnos. Quelques décennies plus tard, ces peuples seront morts ou réduits à l’esclavage, bien avant la naissance de Sarkozy, Hortefeux ou Besson.  En 1517, Charles Quint instaure l’esclavage et le couvre-feu dès 16h45 pour les jeunes qui tiennent les murs des cités (en maigre, tout ce qui est jeune, à capuche et qui parle le verlan).
La partie Ouest de l’île, dépourvue de ressources, de minerai est délaissée par ces cons d’Espagnols, trop occupés à préparer la coupe du monde de foot qui se tiendra moins de 500 ans plus tard en Afrique du Sud. Des boucaniers français s’y installent et développent la partie de l’île si bien qu’au XVIIème siècle Richelieu institutionnalise l’installation française sur ces terres. Un gouverneur est même nommé : Bertrand d’Ogeron règne alors sur la colonie (1665). Puis on développe les plantations de tabac, de marie-jeanne, d’indigo et de canne à sucre. Puis ce canard boiteux de Colbert (c’est mauvais mais c’est mon nouveau blog) instaure le Code Noir (je t’en reparlerai bientôt, tu vas a-do-rer). Vers 1790, l’île est la colonie française la plus riche de toute l’Amérique, grâce aux juteux profits des industries du sucre et de l’indigo principalement générés par le travail des esclaves (des dizaines de milliers d’Africains massacrés, enlevés, déportés et amenés sur cette île perdue pour y travailler et y mourir). Puis la révolution ratée française (parce qu’elle était surtout bourgeoise et contre l’aristocratie) change lentement la donne.
En 1793, c’est la révolte des esclaves (ces chiens, tu leur donnes tout : pas de gîte, pas de couvert, juste des coups de fouet sur la tronche si t’oses lever la tête et voilà comment t’es remercié). On veut abolir l’esclavage, ben voyons. Pour calmer le jeu, un gouverneur noir est nommé par la France : c’est Toussaint Louverture. Il rétablit un semblant de paix, chasse à coups de lance-roquettes (grâce aux rétro-commissions de l’Angolagate versées par le directeur de campagne d’Edouard Balladur) les derniers Espagnols et Anglais hostiles au changement. Louverture apporte la prospérité et un certain calme grâce à des mesures audacieuses : il promulgue une constitution autonomiste si bien que Napoléon (aidé par les Créoles et la bourgeoisie locale) envoie 30 000 hommes sur l’ile pour lui apprendre à vivre et refermer Louverture en rétablissant l’esclavage bordel de dieu. Malgré quelques petites victoires ici et là, les troupes françaises de Rochambeau (le magnifique) sont finalement battues. Une indépendance totale est alors proclamée le 1er janvier 1804.
C’est ainsi qu’Haïti devient le premier pays au monde à rendre l’abolition de l’esclavage effectif.

Qu’est-il arrivé à ce pays si prometteur, avec son destin bien en mains au début du 19ème siècle ?
De 1806 à 1915 environ, une période de grande instabilité dévore le pays : partition de l’île, puis réunification, différents gouverneurs avides s’emparent du pouvoir, souvent contestés par l’armée, les élites et la classe marchande. Lentement le pays s’enfonce dans le chao et s’appauvrit. Haïti au début du 20ème siècle est en état d’insurrection permanente. Tout le monde se barre avec la caisse, c’est devenu un sport national, à tel point que les pays d’Amérique du Sud commencent à faire la tronche car leur suprématie dans cette discipline est fortement contestée. Comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, les Etats-Unis annexent l’île et squattent les terres de 1915 à 1934, certainement pour étudier la viabilité d’une franchise McDonald’s à Port-au-Prince.
De 1957 à 1986, les Duvalier, papa puis fiston (papa Doc, baby Doc) (un peu comme chez nous d’ailleurs, d’ailleurs le prince Jean vient d’avoir un enfant donc tu viens automatiquement d’en prendre encore pour 50 ans) règnent en dictateurs sur l’île. Ils mettent en place un système oppressant basé sur la délation, les arrestations arbitraires, les disparations, les meurtres, les viols, l’extorsion, saupoudré de vaudou, le tout orchestré par les Tontons Macoutes (une milice crée par Papa), mais je t’en reparlerai très bientôt dans un dossier introuvable en librairie mais disponible chez moi à toute heure de la nuit ou de la nuit, chérie.
1990 c’est l’année de l’espoir et du renouveau. Jean-Bertrand Aristide est élu président. Homme du peuple, simple et apprécié, il prend ses fonctions le 7 février 1991 mais il est renversé en septembre de la même année par des militaires chauffards et par la bourgeoisie, encore elle. Rétablit en 1994, il est réélu en 2000 avant de partir en vrille et d’appliquer le même régime que les Duvalier à l’exception près que ses milices ne s’appellent plus Tontons Macoutes mais Chimères. 
Bref, Aristide est un enculé comme les autres.
Et puis plus rien.
Chao.
Destruction.
Mort.
La sainte Trinité.

A ma gauche mon voisin de droite a disparu. Francis me regarde le mains dans les poches puis repart au fond de la salle.
L’Occident porte une lourde responsabilité, comme un génie malfaisant qui détruit tout ce qu’il touche plus vite qu’un tremblement de terre ou qu’un tsunami.
Haïti, comme métaphore absolue de la dérive des continents, la tectonique des plaques sociales, humaines ou géologiques. Haïti c’est fini, c’est fait.

Pour terminer, une phrase hallucinante trouvée sur le site du NouvelObs.
J’apprends que le ministère de l’Immigration annonce la suspension des procédures de reconduite vers Haïti… . Jusque là, ça ne posait pas de problème. La misère et la pauvreté, l’insécurité et la violence n’empêchaient pas une nouvelle déportation, une autre tragédie. Mais comme les Bronzés ont morflé, on va lever le pied. Le temps que Bouygues reconstruisent deux trois bicoques de merde pour reloger les crèves-la-dalle et autres sans papiers ? Le temps qu’Air France débloque quelques places dans ses avions blancs ? Le temps d’organiser les listes, de référencer les personnes, les proches venus spontanément prendre des nouvelles et renvoyer tout le monde là-bas, une fois les caméras éteintes et rangées ?
T’inquiète, l’OM a gagné.

<.



lundi 11 janvier 2010


> 
Retour en arrière, genre au lycée Darius-Milhaud, dans le Val-de-Marne. Vise un peu la scène : oral du bac blanc de philo. Hakim, 18 ans, se tient debout dans un couloir en train de réviser son sujet : « Désirer l’impossible n’a de sens que durant le vivant » quand il s’écroule, poignardé à mort alors qu’il était presque arrivé à trouver un sens à cette question con. Fais chauffer les propositions de lois sur l’installation de caméras de surveillance jusque dans les chiottes des lycées (une idée russe de Vladimir Poutine ?), prépare les débats sur la pertinence d’une police à l’intérieur des lycées. « Nous reconnaissons les choses, nous ne les connaissons pas » (Deleuze).
Marche avant toute ! Sale temps. Temps blanc, froid, étroit. Un temps à ne pas mettre un chien dehors. Un Afghan, à la rigueur, voire un SDF et encore, les SDF crèvent congelés devant tes marches d’escaliers (quand ils ne crèvent pas directement dans la cage de l’escalier dans une grande communion de pisse et de moquette) et t’es obligé d’attaquer le corps à coups de pelle pour le désincarcérer du revêtement de ton bel hall d’immeuble. Mais le froid n’a pas d’odeur. La mort si. Sale temps pour Mano Solo (j’ai rien à dire mec). Avis de tempête pour Bertrand Cantat, qui a un alibi pour la mort de Mano, il était avec Kristina. Accroche-toi à la barre. Je veux dire vraiment.
Temps de chiotte. En Italie finalement, y’a bien que des putes et des mafieux et Silvio, qui est le plus italien des Italiens. Avant, c’est-à-dire AVANT ce week-end, il restait encore un peu de Bamboulas ici et là mais voilà, depuis les violences de la fin de semaine dernière et la véritable chasse anti-immigrés, plus de 900 personnes ont quitté cette bonne vieille ville de merde de Rosarno. T’ai-je déjà dit à quel point il doit être doux de chier sur chaque gueule de chaque habitant de ce bled sans nom peuplés d’être insignifiants armés de haine ? Mais devant ce spectacle désolant et immonde, Benoit XVI est sorti de son lit en déclarant : « l’immigré est un être humain à respecter» (Le monde.fr)… tant qu’il n’est pas Juif ? T’imagines l’importance de sa déclaration ? Mamadou, que t’engages une misère pour récolter tes oranges de merde n’est pas un chien non, c’est un être humain comme toi et moi à deux ou trois exceptions : une couleur de peau différente, pas de passeport, pas de droits, des conditions de vie d’un Afghan sur Air Besson certes, mais sont-ce des raisons valables pour détruire ainsi ton outil de travail nom de dieu ? Benoit m’épate de jour en jour.
SDF (encore), c’est 30 ans de vie en moins (Libération).
Ouvrier, c’est 7 ans d’espérance de vie de moins qu’un CSP+ avec Rolex.
Pour les employés de France Telecom, les cobayes vivants en captivité ne tiennent généralement pas assez longtemps pour avoir une statistique fiable. Finalement, la catégorie professionnelle qui résiste le mieux à ces chiffres et à cette réalité toute réelle c’est homme politique : si t’as bien planté ta petite graine dans la terre électorale nourricière, avec les générations spontanées et l’aide des Hauts-de-Seine, ça peut durer des générations et des générations.

Tant qu’il y aura des hommes, y’aura du foot. Football donc, match avancé comptant pour la première journée de la CAN (Coupe d’Afrique des Nations, alors que là-bas la coupe est déjà pleine depuis longtemps) qui se déroule en Angola, dans la rencontre qui opposait l’équipe du Togo à celle des séparatistes Cabindais, victoire de la province du Cabinda par 2 morts à 0.
Ancienne colonie portugaise et de Pasqua, Falcon et du fils Mitterrand (tu écoutes ces trois là et au bout de 10 minutes t’as la conviction que sœur Emmanuelle était une pute à côté de ces trois anges), le pays obtient son indépendance en 1975 et l’organisation de sa propre guerre civile la même année qui durera jusqu’en 2002. En maigre, les sols de l’enclave de Cabinda (lieu de l’organisation de la compétition de tirs) sont riches en pétrole, les habitants sont naturellement pauvres et le gouvernement et les séparatistes se disputent le contrôle de cette zone, certainement pour y développer une économie humaine, sociale et durable. Tu vois comme la colonisation est positive ? Chaque fois qu’un pays ami annexe un pays-sous-développé-les-pauvres-mais-heureusement-qu’on-est-là-les-cons-pour-leur-apprendre-les-bonnes-manières-et-le-catéchisme,ben quand le pays ami se retire après l’avoir baisé et v(io)lé jusqu’à l’os de ses ressources naturelles et humaines et bien le pays s’effondre. La colonisation est une maladie vénérienne pour toutes les têtes de bite du monde. Après que veux-tu, on leur file un ballon pour 22 personnes.

Plus le temps.
Ca file et je me défile en te laissant là tout seul comme un con pour la première fois et pas la dernière de cette année.

Bonne semaine à toi <

jeudi 7 janvier 2010

...


Puisque tu me le demandes (ou pas), je vais te répondre : je crois que je me suis un peu niqué le dos. J'ai dû porter un truc trop lourd trop longtemps ou bien je suis allé pisser une fois de trop sans chariot élévateur mais depuis, j'ai la démarche d'un petit vieux à l'âge du Christ. Bref, j'ai calé un petit coussin à motifs derrière mon dos pour te dire un peu n'importe quoi, n'importe comment tout en y mettant la manière et le temps, parce ce que tu vois, c'est un peu tout ce qu'il nous reste. Je t'en prie.
Tu veux que je te dise un truc à toi perso ? Ouais ? Putain t'es chiant on va encore y passer des plombes. Bon t'es seul ? Mais oui bien-sûr j'suis con t'es seul, bon alors voilà, je suis juste venu te dire que putain c'est long de fermer sa grande gueule devant cette grande oeuvre abstraite aux couleurs dégueulasses. Encore plus long qu'un quinquennat présidé par un pittbull aux couilles minuscules tatouées « jt'encule », habitué du Fouquet's. Encore plus long que l'agonie laborieuse et comateuse d'un pseudo rocker raté à L. A, client lui aussi du Fouquet's. Et Laura, toi aussi tu vas nous faire chier ? Plus long qu'un Long dimanche de fiançailles, plus long que la longue liste des chômeurs qui s'allongent aussi rapidement que ta bite décroît au fond de ton froc (et n'accuse pas le mercure). Plus long que le Jour le plus long. Et incroyablement frustrant.
Et puis putain, je n'arrivais plus à suivre : des morts partout et des nouvelles fraîches aux relents de poubelles à l'étale des journaux, voire en full HD. Un véritable feu d'artifice, une espèce de bouquet final pour initiés, juste avant que l'obscurité et le silence ne viennent s'abattre sur la grande scène comme un immense gâteau de béton qui viendrait heurter le sol en soulevant la poussière de nos vies. Tu voulais des miettes du gâteau ? Prends déjà le moule en Pyrex dans la gueule. Après on verra, on causera.
Pourquoi ? Je sais pas, peut-être que le départ précipité de Philippe « la Chèvre » Séguin a contribué a épiler les derniers poils de résistance. Philippe Séguin ou le gaulisme social à visage humain... T'es vu la gueule de Séguin ? Elle a des poches sous les yeux la justice sociale... .
Et puis tu sais, la route était Bosley, un peu comme dans un épisode de Drôles de dames et j'ai lutté pour ne pas tout renvoyer à l'expéditeur. Puis j'ai refermé mécaniquement la fenêtre par la seule force du poignet. Un geste courageux, d'une grande pureté. J'ai ouvert la porte, je suis descendu. J'ai marché. Quelques kilomètres plus loin, je ne sais pas pourquoi mais la chaleur est revenue. Des bouffées moites et joyeuses et la montre au poignet qui s'emballe. Derrière les platines de mon coeur, un ersatz de David Guetta (t'imagines) ressemblant furieusement à Jean-Michel Jarre si Jarre ressemblait à Apathie, s'escrimait à accélérer le bpm de mon flux sanguin. Un truc à t'en faire péter les vertèbres et la cage – infra basse - thoracique. Et puis c'est l'écran noir qui reprend des couleurs comme une espèce d'oeil crevé du cyclope en LED. Autorisation ou pas de diffuser. Le son et l'image reviennent. Le bonheur dans mon salon, le monde et la misère à mes pieds, bien calé, un petit coussin dans le dos mais ça, je l'ai déjà dit.
T'es encore là ? Alors on reprend. Le temps de pomper au test de QI pour les uns, de se brosser les dents à la bite pour les autres, on recommence, on s'en fout, on fera avec les moyens du bord. Plus simplement en 2010, tu seras ma connasse préférée. Je t'en prie.